L’oubli de soi et Notes de lecture, par Alain Gagnon…

24 novembre 2016

Extrait de Propos sur l’oubli de soi :

Il m’arrive de m’oublier.  Souvent.  D’oublier qui je suis, ce que je suis, de me laisser submerger par les mouvements intérieurs, les appétences.  Les passions, les émotions vives – comme la colère ou la lubricité – sont faciles à déceler, à contrer même.  Le plus pernicieux, ce sont ces envahissements par les causes apparemment nobles, celles qui seraient dignes de louange, d’intérêt : l’altruisme de pacotille, les devoirs qu’on nous impose ou que l’on s’impose…  Quiconque s’y plonge sans s’être ressouvenu de ce qu’il est donnera bientôt au mieux dans la fatuité, au pire dans le despotisme ou le grand banditisme.

— Mais de quoi veux-tu donc que l’on se ressouvienne tant ? demande mon démon intérieur.

— De son caractère divin.  De la présence du divin en soi.  De son origine divine et de sa destination divine.  Hors cette prise de conscience, institutions, civilisations, législations, entreprises individuelles ou collectives, ne sont que fruits de la vanité, constructions sur le sable que le temps ne manquera pas d’éroder ou d’effacer hâtivement.

Notes de lecture :

Je me délecte de Les grands sages de l’Égypte ancienne de Christian Jacq. (Perrin, 2009.  Coll. Tempus, # 281)

Nous nous retrouvons au troisième millénaire avant J-C.  Pour l’histoire connue des hommes, c’est très loin.  Pour la géologie, même pas hier. alain gagnon, Chat Qui Louche, francophonie, littérature, québec

Je m’arrête au chapitre 4, celui consacré à la reine Méresânkh III, dont le nom signifie « la Vivante qui aime ». Atoum, le principe créateur, est à la fois masculin et féminin.  Le pharaon et sa reine rejouent sur terre les péripéties de ce mariage sacré, cette union des sexes avant le sexe,  qui a engendré l’univers visible et invisible, ses énergies et la conscience.  Méresânkh représente donc cette… « Matrice céleste, elle répand à travers l’univers de l’émeraude, de la malachite et de la turquoise afin d’en façonner des étoiles.  En devenant une Hathor (déesse), Méresânkh réactualise la création du monde. » (p. 41)  Spiritualités féminine et masculine vécues sous le soleil éclatant du plateau de Guizeh.

À rapprocher des noces de la Mère Esprit et du Christ Créateur dont parle La Cosmogonie d’Urantia. Réfléchir aussi au sens profond de cette Vierge qui donne naissance au Christ le 25 décembre prochain dans la tradition chrétienne.

Kephren et Méresânkh III


Chronique des idées et des livres, par Frédéric Gagnon…

16 octobre 2015

Éléments de spiritualité romaine

Dans un recueil de textes de Julius Evola intitulé Explorations, on retrouve des écrits qui portent sur divers éléments de la spiritualité des chat qui louche, maykan, alain gagnon, francophonie, littérature, Québecanciens Romains.

Il faudrait ici dire un mot sur un auteur dont certains ignorent peut-être jusqu’à l’existence.

Théoricien de la Droite, métaphysicien, penseur profond des doctrines ésotériques, et orientaliste, Julius Evola, né à Rome en 1898 et mort dans cette même ville en 1974, s’est voulu le digne successeur des anciens Romains de meilleure souche.  Peu d’écrivains, en réalité, étaient aussi qualifiés pour livrer à l’homme moderne le message de la Rome éternelle.

Pour comprendre la pensée  d’Evola en cette matière, il n’est pas inutile de rappeler certains faits.  Or le fait central est celui du peuplement de l’Europe par les Indo-Européens, ancêtres des peuples blancs que nous connaissons aujourd’hui.  Les anciens Latins, quand ils atteignirent la péninsule italique, n’arrivèrent pas en contrée inhabitée.  Il y avait là un ensemble de peuples pré-indo-européens, peut-être parents de peuples moyen-orientaux, dont les plus connus sont sans doute les Étrusques.  L’opposition entre les Indo-Européens et ceux qui les précédèrent n’était pas purement ethnique : il y avait également divergence dans les métaphysiques, opposition entre des visions du monde qui déterminent le style d’une civilisation.  À la spiritualité virile, solaire, en un mot apollinienne des anciens Indo-Européens, s’opposait la spiritualité féminine, tellurique des premiers peuples méditerranéens.  La première trouvait son fondement dans l’Être, Immuable, Éternel, Lumineux ; la seconde dans le devenir et dans l’union mystique avec les forces occultes de la Nature.

D’après Julius Evola, il y eut toujours une tension entre l’élément indo-européen et le substrat des peuples précédents.  Avec le temps, les patriciens durent admettre dans la Cité des divinités dont le culte était étranger à leur éthos, divinités qui, comme Cybèle, favorisaient chez leurs adeptes des extases troubles qui, encore une fois, étaient profondément étrangères à la mentalité romaine primitive, mentalité dont le délitement, au cours des siècles, provoqua la longue agonie de l’Empire.

Caton d’Uttique

Ce Romain typique, que je cherche ici à cerner, Julius Evola en décrit la spiritualité de manière exemplaire dans Explorations.  Evola écrit : « … si, à l’origine, le Romain fut antispéculatif et antimystique, il ne le fut pas en vertu d’une infériorité, mais, au fond, en vertu d’une supériorité.  Il possédait un style spécifique, avait horreur des mysticismes impurs et des effusions sentimentales ; il avait une intuition suprarationnelle du sacré, étroitement liée à des normes d’action, à des rites et symboles précis, à un mos et à un fas, à un réalisme particulier.  Il ne connaissait pas les évasions.  Il ne craignait pas la mort.  Il accordait à la vie une signification immanente.  Il ne savait rien des frayeurs de l’outre-tombe.  Pour lui, seuls ses chefs et ses héros divinisés échappaient au sommeil éternel de l’Hadès. »  Tel était donc ce Romain qui servit d’idéal aux Européens à travers les millénaires.  Mais la vie réelle de la Cité ne fut pas toujours simple : la République victorieuse et l’Empire virent l’apparition de cultes étrangers, d’un ensemble de superstitions orientales qui apportèrent leur lot d’angoisses et de démesures.  Devant un tel fléau, les authentiques Romains retrouvèrent leur propre vérité dans des systèmes aussi divers que le mithracisme, le stoïcisme et l’épicurisme.  C’est de cette dernière pensée dont je parlerai finalement aujourd’hui.

Il semble curieux, à première vue, qu’un métaphysicien parle dans des termes positifs de l’École d’Épicure.  Dans notre monde, quand nous parlons d’un épicurien, nous désignons un homme ou une femme qui n’aime rien comme les plaisirs de la chair, un jouisseur frivole et inoffensif.  Sous la République et dans la Rome des césars, le mot épicurien désignait tout autre chose.  D’abord, contrairement à ce que l’on pense, les épicuriens de l’Antiquité n’étaient pas athées : Épicure croyait aux dieux comme à « des essences détachées, parfaites, sans passion qui doivent fournir pour le Sage les idéaux suprêmes. »  Ces dieux, toutefois, n’interviendraient pas dans les affaires humaines : l’âme de l’homme est physique et ses mouvements sont dus à des causes naturelles.

Un élément de l’épicurisme semblera sans doute étrange à l’esprit formé par le judéo-christianisme : la doctrine de l’École était une physique doublée d’une éthique (et non pas une métaphysique dont découle une morale).  D’après cette doctrine, l’homme, comme tout ce qu’il perçoit, est composé d’atomes et l’on peut douter que son âme survive à la mort.  Vous vous demandez sans doute comment une telle conception peut engendrer une éthique.  C’est « en raison de la libération intérieure, de l’éclaircissement du regard qu’elle produit avec son réalisme. »  Avec l’épicurisme, il n’y a plus de place pour « toutes les angoisses devant la mort et l’au-delà, tout le pathos tissé de désir ardent, d’espoir et d’imploration qui, en Grèce, correspondît à une période de décadence, à une altération de la spiritualité originelle, héroïque et olympienne, et qui devait malheureusement revêtir ensuite, à Rome, le sens d’une altération de l’éthique ancienne et du vieux ritualisme. »  L’authentique Romain revenait donc à lui-même, retrouvait son idéal intime d’autarcie, de possession de soi, possession de soi qui, soustrayant l’âme à « la contingence des impressions, des impulsions, des mouvements irrationnels », devait engendrer une joie absolue, subtile, que rien ne saurait troubler, pas même les pires tortures.  On le voit donc, le plaisir dont parlent Épicure et ses disciples correspond à une fin spirituelle qui va bien au-delà des plaisirs de la chair.

C’est sans doute l’un des nombreux mérites d’Evola d’avoir réhabilité une école de sagesse qui fut avec le stoïcisme l’un des fondements de la pensée romaine ; d’avoir montré comment un matérialisme avait ramené des êtres d’élite à des aspects importants de leur spiritualité originelle.

Je ne saurais trop, enfin, vous recommander la lecture des œuvres de Julius Evola : érudit de génie, il fut un véritable maître à penser dont le livre sur l’alchimie (La tradition hermétique : les symboles et la doctrine, l’art royal hermétique) influença Marguerite Yourcenar dans la rédaction de L’œuvre au noir.

Les citations de la présente chronique ont été tirées des textes suivants : Rome et les « Livres Sibyllins » ; Les deux faces de l’épicurisme. On retrouve ces deux textes dans Explorations de Julius Evola, publié aux excellentes éditions Pardès.

Notice biographique

Frédéric Gagnon a vécu dans plusieurs villes canadiennes, dont Montréal, Kingston et Chicoutimi.  Il habite aujourd’hui Québec.  Il a étudié, entre autres, la philosophie et la littérature.  À ce jour, il a publié trois ouvrages, dont Nirvana Blues, paru, à l’automne 2009, aux Éditions de la Grenouille Bleue.  Lire et écrire sont ses activités préférées, mais il apprécie également la bonne compagnie et la bonne musique.


En librairie : Fantômes d’étoiles, un nouvel essai d’Alain Gagnon…

7 mai 2015

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En réalité, nous voyons des fantômes d’étoiles.  Elles scintillent à l’endroit où elles étaient, il y a des millions d’années ou plus.  En fait, nous les admirons là où elles ne sont plus.

Il en est de même du transcendant – ce qui dépasse notre ordre naturel de perception. Nous ne possédons pas l’équipement mental nécessaire à son appréhension certaine, qui convaincrait jusqu’au dernier humain. Nous tâtonnons, trébuchons comme l’Ermite de la neuvième lame du Tarot, qui porte ce nom. On y aperçoit un homme habillé de bure, qui cherche, lanterne en main.

Il ne doute pas que l’objet de sa quête existe.  Quant à trouver ?  Et dans quelles conditions ?

Perplexité et scepticisme marquent ses traits.  Une spiritualité en marge des institutions religieuses.  Une spiritualité axée sur la recherche patiente et la découverte parfois fulgurante de la transcendance.

Ce livre s’adresse à toute personne en quête de sens et de vérités fondamentales sur l’existence humaine.

 L’auteur

L’oeuvre d’Alain Gagnon, qu’il s’agisse de romans, de poèmes, de nouvelles ou d’essais, estchat qui louche maykan alain gagnon francophonie majoritairement tournée vers la spiritualité et les réalités extradimensionnelles.  Dans ce livre, l’auteur nous présente une synthèse à la fois simple (sur le ton de la conversation) et étoffée de ses expériences et des conséquences qu’il en a tirées. Auteur prolifique, ce livre est son 37e et le 2e publié chez Marcel Broquet. (Le bal des dieux – 2011).


En librairie : Fantômes d’étoiles, un nouvel essai d’Alain Gagnon…

20 avril 2015

Fantômes d’étoiles (Essai sur l’oubli de soi)

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En réalité, nous voyons des fantômes d’étoiles.  Elles scintillent à l’endroit où elles étaient, il y a des millions d’années ou plus.  En fait, nous les admirons là où elles ne sont plus.

Il en est de même du transcendant – ce qui dépasse notre ordre naturel de perception. Nous ne possédons pas l’équipement mental nécessaire à son appréhension certaine, qui convaincrait jusqu’au dernier humain. Nous tâtonnons, trébuchons comme l’Ermite de la neuvième lame du Tarot, qui porte ce nom. On y aperçoit un homme habillé de bure, qui cherche, lanterne en main.

Il ne doute pas que l’objet de sa quête existe.  Quant à trouver ?  Et dans quelles conditions ?

Perplexité et scepticisme marquent ses traits.  Une spiritualité en marge des institutions religieuses.  Une spiritualité axée sur la recherche patiente et la découverte parfois fulgurante de la transcendance.

Ce livre s’adresse à toute personne en quête de sens et de vérités fondamentales sur l’existence humaine.

 L’auteur

L’oeuvre d’Alain Gagnon, qu’il s’agisse de romans, de poèmes, de nouvelles ou d’essais, est majoritairement tournée vers la spiritualité et les réalités extradimensionnelles.  Dans ce livre, l’auteur nous présente une synthèse à la fois simple (sur le ton de la conversation) et étoffée de ses expériences et des conséquences qu’il en a tirées. Auteur prolifique, ce livre est son 37e et le 2e publié chez Marcel Broquet. (Le bal des dieux – 2011).


Chronique des idées et des livres par Frédéric Gagnon…

17 février 2015

Fragment des visions d’Érik (2)

 

            Cette semaine encore, je publie un texte de mon ami Érik.  Il s’agit d’une œuvrechat qui louche maykan alain gagnon francophonie de jeunesse pleine de révolte.  Un tel poème en prose peut surprendre de la part d’un homme qui, du moins le croit-on, trouva la paix en Dieu avant de disparaître.  Il me semble tout de même nécessaire, ne serait-ce que par amour du vrai, de vous le présenter.

 

***

 

J’ai fait ce que j’ai pu.  On devrait se révolter contre la répression.  Je me suis évadé dans le psychédélisme, des opéras furieux, les bars de danseuses.  Mais l’aliénation me rattrapa : elle est nécessaire, dans l’ordre du pouvoir.  Le pouvoir laisse son empreinte dans l’inconscient, c’est comme ça qu’il nous terrorise.  On a peur jusque dans nos claques.  Mais le sang se rebiffe, alors on joue, leur jeu, celui des révoltes parodiques, des évasions : on regarde des films débiles ; on écoute des musiques insignifiantes ; on se passionne pour des clubs de hockey.  La peur nous tient, celle de ne pas appartenir, d’être pauvre, délaissé, socialement un zéro : ainsi nous possède-t-on.

Moi aussi j’ai bu.  J’ai cherché des frissons.  Plus profondément, je désirais une spiritualité nouvelle, une béatification des corps comme blasphèmes absolus.  J’ai profané la tombe à laquelle on voudrait nous condamner.  J’ai surpris dans des silences les clefs dont sont dépositaires des êtres fugaces, à jamais mystérieux, et j’ai découvert dans l’ivresse une science nouvelle qui permet à l’imagination d’investir le corps, d’élever ce dernier à la plénitude magique des esprits stellaires.  N’avez-vous jamais connu de ces orgasmes qui vous sanctifient comme autant de transsubstantiations de tout votre être ?  Ne suis-je pas passé, en certains instants, bien près de me dissoudre dans un bonheur absolu ?  Il faut transgresser la peur de se perdre pour apercevoir le dieu en soi.  J’ai eu la volonté d’une telle transgression.  Je l’avoue, j’ai été et je demeure cet homme du blasphème qui conteste les droits de tous les pouvoirs sur sa conscience.  Ma conscience est sacrée ; la vôtre ne l’est pas moins.

chat qui louche maykan alain gagnon francophonieTrès jeune j’ai rencontré un mage.  C’était dans mon esprit, je crois.  Il m’a conseillé de renier mon baptême.  J’ai donc erré dans des contrées sauvages où je me suis abreuvé de l’urine des forêts.  Un jour j’ai rencontré une femme qui avait été élevée par des panthères.  Rousse, lumineuse, elle allait nue au milieu des savanes comme l’enfant incomprise du Soleil.  Nous partageâmes des minuits d’une lumière intense.  Elle m’a révélé les secrets d’une volonté qui ose jouer son rôle primitif dans les dimensions sans nombres de l’esprit.  Une telle volonté est théurgique, me dit-elle.  J’ai compris qu’il y avait dans le corps des carrefours où le cosmos et le Moi s’épousent parfaitement.  J’ai adoré dans le corps du blasphème l’Évangile d’un homme libéré des craintes ataviques qui ne servent que le dieu mauvais, ce dieu sombre qui nous maintient enchaînés dans une prison de fer noire.

 Notice biographique

chat qui louche maykan alain gagnon francophonieFrédéric Gagnon a vécu dans plusieurs villes canadiennes, dont Montréal, Kingston et Chicoutimi.  Il habite aujourd’hui Québec.  Il a étudié, entre autres, la philosophie et la littérature.  À ce jour, il a publié trois ouvrages, dont Nirvana Blues, paru, à l’automne 2009, aux Éditions de la Grenouille Bleue.  Lire et écrire sont ses activités préférées, mais il apprécie également la bonne compagnie et la bonne musique.

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche : https ://maykan2.wordpress.com/)

 

 


Chronique des idées et des livres, par Frédéric Gagnon…

4 février 2015

Fragment des visions d’Érik

 Ce jour d’été, Érik marchait sur les plaines d’Abraham accompagné de son seulchat qui louche maykan alain gagnon francophonie lecteur mp3. Après la mort de mon ami, j’ai découvert parmi ses papiers ce texte proprement mystique que je crois nécessaire de publier dans le Chat qui louche avec l’aimable soutien de son éditeur. Pour le reste, je préfère taire les circonstances étranges dans lesquelles disparut cet homme qui m’était si cher. Je laisse donc la parole à celui qui me manque :

Tout en admirant la nature souveraine, mais relativement domestiquée du Parc des Champs-de-Bataille, j’ai décidé d’écouter l’un de mes morceaux préférés : l’adagio du premier quintette pour piano et quatuor à cordes de Gabriel Fauré. J’ai toujours aimé ce mouvement de l’œuvre du maître français. Mais, ce jour-là, dès les premières mesures, il m’affecta comme jamais. J’entendais dans cette musique une douce mélancolie et l’immense espoir de créatures qui peu à peu s’élèvent vers un monde de lumière qui leur est inconnu, dont elles n’ont que le pressentiment. Il me semblait que le soleil sur l’herbe et dans les feuillages révélait la poussée musicale du règne des végétaux. L’adagio de Fauré disait la vérité d’une volonté de puissance devenue sublime, d’un univers d’êtres qui secrètement tendent vers ce surplus d’existence qu’est leur accomplissement dans la dimension divine du réel. Et je sentais qu’une part de moi, dont je n’avais été qu’à demi conscient, participait à l’œuvre alchimique de la nature. La musique de Fauré faisait apparaître un paysage que je n’avais pas encore vu, celui d’une nature qui de ses transmutations intérieures tire l’Image sacrée qui fut toujours sa vérité latente, l’image d’un monde pacifié, d’une beauté parfaite, dans lequel l’Esprit trouve son juste repos. Je voyais dans l’azur une prémonition d’un temps où enfin tous seront réconciliés, où tout sera justifié – et il me semblait que le moindre brin d’herbe s’efforçait d’être un brin d’herbe parfait afin de rejoindre son principe intelligible, et que chaque feuille de l’arbre était une exaltation de la sève, dont le vert émeraude vibrait d’une lumière surnaturelle – et je sus de manière certaine que toute beauté de la matière était l’expression du sacré, d’un ordre divin suprêmement intelligible – et soudain je connus un bonheur d’une telle intensité, je fus transporté avec tant de force au-delà de moi-même, que je sentis que ce n’était plus moi qui vivais, mais celui qui en moi existe depuis plus longtemps que moi-même, qui est plus ancien que tous les cycles du cosmos, qui est éternel, qui est en moi la vraie présence de l’Esprit, celui contre qui les portes de l’enfer ne prévaudront point. Je ne doutais plus : pendant un instant qui dura une éternité, je sus qu’il y avait un Dieu, Sa présence m’était aussi évidente que celle du soleil sur mon visage. Oui, au-delà de toute croyance, je savais que le Royaume de l’amour, de chat qui louche maykan alain gagnon francophoniel’intelligence et de la beauté existe ; que Dieu n’est pas dans un quelconque ailleurs, qu’Il est la dimension profonde de notre réalité dans laquelle tout est accompli, parfait, pacifié ; et qu’Il inspire aux hommes leur désir d’élévation. Quelle ferveur j’éprouvai, quelle reconnaissance !   Plus rien ne m’était étranger, le moindre brin d’herbe m’était un frère. Quelle joie infinie je ressentais ! Comme soudain tout était beau, surnaturellement beau ; comme tout était bien. J’avais franchi le miroir, je vivais dans le monde réel, celui de ma propre éternité, de l’éternité de chacun – et même un brin d’herbe dans son principe est éternel. Oui, quelle joie ! À travers ses luttes parfois immondes, malgré toute la médiocrité dont on est trop souvent témoin, la création couve une joie infinie.

            Pendant un moment sans commencement ni fin, qui dura peut-être quelques minutes, j’ai marché dans l’Esprit divin au milieu des arbres des plaines d’Abraham. Pendant un moment, je fus l’égal de Dieu parce que j’étais l’objet de tout Son amour. Pendant un moment, j’ai percé le mystère de ma condition.

Frédéric Gagnon

Notice biographique

chat qui louche maykan alain gagnon francophonieFrédéric Gagnon a vécu dans plusieurs villes canadiennes, dont Montréal, Kingston et Chicoutimi.  Il habite aujourd’hui Québec.  Il a étudié, entre autres, la philosophie et la littérature.  À ce jour, il a publié trois ouvrages, dont Nirvana Blues, paru, à l’automne 2009, aux Éditions de la Grenouille Bleue.  Lire et écrire sont ses activités préférées, mais il apprécie également la bonne compagnie et la bonne musique.

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche : https ://maykan2.wordpress.com/)


Propos pour Jacob (essai) d'Alain Gagnon: une critique d'Yvon Paré

29 août 2014

 

Alain Gagnon lègue ses questions à Jacob

Yvon Paré

Voilà un livre qui ressasse beaucoup plus de questions qu’il ne fournit de certitudes. Il est plutôt rare qu’un contemporain tente de tisser des liens entre la pensée de maintenant et des réflexions qui ont porté la civilisation occidentale.

Alain Gagnon est de cette race de jongleurs qui restent fidèles à eux-mêmes sans se soucier des modes et des croyances. C’est rassurant, pour ne pas dire nécessaire de pouvoir lire ce genre d’ouvrage qu’on ne retrouvera certainement pas dans le palmarès des ventes. Il ne sera pas non plus l’un des invités de « Tout le monde en parle ». Ce sont des écrits qui sont là pour durer et qui résistent à l’éphémère. Le genre de livre qui peut vous accompagner pendant toute une vie.

Testament

Alain Gagnon, dans « Propos pour Jacob », s’adresse à son petit-fils. Il lui lègue, dans une sorte de testament intellectuel ce qu’il a de plus précieux. Avec trente-quatre publications, cet écrivain peut être considéré comme riche de mots et de phrases. Il s’attarde à des questionnements qui ont marqué sa vie de lecteur et d’écrivain.

« À ma mort, je ne te laisserai rien ou si peu. Je serai pauvre. Par paresse, manque de discipline, insouciance et aptitude aux plaisirs, mes comptes en banque seront vides ou presque. Cet ouvrage te tiendra lieu de legs. Ne sois pas trop déçu. Je t’ai aimé comme personne, et j’espère me faire pardonner en t’offrant ce qui m’est le plus cher : sur quelques pages, ces intuitions puisées dans l’héritage commun et en moi-même, parfois. Si tu en tires quelque profit, je serai moins mort, et tu seras peut-être un peu plus vivant. » (P. 9)

L’entreprise s’avère noble et intéressante. Le lecteur trouvera peut-être pourquoi cet écrivain a signé autant de livres, exploré l’essai, la poésie, le roman et le récit.

Les lectures

Propos pour Jacob

Des sujets, des questions ont suivi Alain Gagnon sans qu’il ne trouve de réponses définitives.

« Je tenterai d’expliquer ce qui toujours me dépasse. Je le saisis pleinement. Je ne me sous-estime pas, mais je connais l’ampleur du sujet, tout comme celle de mes insuffisances. Je m’avancerai donc à tâtons, à pas prudents de loup… » (P.9)

Qu’est-ce qui hante l’écrivain, l’homme, le père et le grand-père ? On pourrait résumer simplement : qui sommes-nous, pourquoi vivons-nous et où allons-nous ? Est-ce que la vie a un sens, où se situe l’homme dans cet univers immense ?

L’écrivain n’est pas de ceux qui se forcent à assister aux rituels et aux cérémonies liturgiques même s’il est croyant. Il parle plutôt d’une forme d’immanence, de Dieu qui est la source et l’aboutissement de tout. Il n’est certain de rien, mais il fait le pari de croire.

« À mon avis, le seul fait que l’humain soit en quête d’un univers plus éthique, prouve une source de l’éthique (Dieu) ; tout comme le seul fait que l’humain souhaite l’immortalité, incline à croire à sa propre immortalité, présente ou future. Il ne saurait désirer ce qu’il ne peut atteindre, comme individu ou espèce. » (P. 24)

Ces conclusions sembleront bien minces à l’athée ou à l’irréductible sceptique.

L

Les maîtres

Alain Gagnon revient à des penseurs qui l’ont accompagné toute sa vie. Marc-Aurèle entre autres.

« J’ai privilégié l’empereur, non pour m’attirer ses faveurs, il est mort ; mais plutôt parce que j’aime sa concision et, surtout, j’ai entretenu avec lui de longues fréquentations. Il n’a jamais quitté mon chevet. J’ai en main son ouvrage « Pensées pour moi-même » dans une traduction de Meunier, acheté la première année de mon mariage avec ta grand-mère. J’étais encore étudiant. » (P. 31)

Il y a plusieurs de ces magisters qui l’accompagnent depuis toujours. Maître Eckhart, François Villon, Aurobindo, Teilhard de Chardin et bien d’autres. Il ne manque pas non plus de secouer certains de ses ouvrages : « Lélie ou la vie horizontale », « Thomas K » et « Kassauan ». On retrouve là la fibre qui porte l’entreprise d’écriture riche et diversifiée de cet écrivain. Il se fait compagnon de Jean Désy qui s’attarde aux mêmes questions dans « Âme, foi et poésie ». La réflexion d’un homme, d’un écrivain qui sent le besoin de regarder derrière soi pour mieux entreprendre le reste de la traversée.

« Propos pour Jacob » d’Alain Gagnon est publié à la Grenouille bleue.

Yvon Paré, Progrès-Dimanche, 21 mars 2010

 

 

 


L’écrivaine Dominique Blondeau commente Propos pour Jacob d’Alain Gagnon…

24 mai 2014

Croire en Dieu sans aucun doute *** 1/2

Que dire des nouvelles mondiales qui prennent possession du peu de temps dont nous disposons. Les journaux et la télé nous informent du pire ; rarement, le bien auquel contribuent des hommes et des femmes ne fait l’objet d’une mention spéciale. Est-ce utile de nous rebattre les oreilles des méfaits de nos semblables ? Depuis longtemps, grandes et petites guerres se perpétuent sans que nous en tirions une leçon. Dieu nous aurait-il oubliés ? Allons voir ce qu’il en est dans l’essai d’Alain Gagnon, Propos pour Jacob.

 

Dominique Blondeau

 

En introduction, un narrateur confie à son petit-fils ce qu’il lui léguera à sa mort : des réflexions personnelles, des questionnements spirituels traitant de l’existence de Dieu. Ce même narrateur prévient Jacob qu’il s’avancera « à pas prudents de loup » dans « l’ampleur du sujet » qu’il prétend connaître. Celui du monde tel qu’il est, mais aussi dans l’univers d’un dieu qui sommeillerait en nous, soit le sacré qui nous différencie du règne minéral, végétal, animal. Tout d’abord, Alain Gagnon affirme que l’Esprit est « un, sans temps ni lieu. » Impérieux, il souffle, se réverbère au centre de toutes les philosophies. Dépourvues de cet esprit universel, nombre d’œuvres auraient avorté : poésie, littérature, peinture, architecture, la nature s’appliquant à nous démontrer la perfection de la fleur la plus humble. Faut-il responsabiliser Dieu d’un semblable et grandiose dessein ? Ne nourrit-on pas aujourd’hui un brin de lassitude, quand rabâchant à souhait les causes de malheurs superposés les uns sur les autres, nos oreilles et nos yeux se ferment ? Dieu n’est-il pas désespéré de devoir tout reconstruire, contemplant le monde usé plutôt qu’existant mal, comme le suggère l’auteur.

On admire Alain Gagnon d’attester sans faillir l’existence de Dieu. Les exemples théoriques ou concrets se multiplient que nous ne pouvons mettre en doute. Pourtant, n’appartient-il pas à chacun d’interpréter  » l’aspiration vers l’infini  » tel un phénomène scientifique, logique et intelligent, une volonté naturelle complexe et moins crédule ? N’est-ce point devenir l’égal de Dieu en se faisant complice de ses créations ? En soi, ne sommes-nous pas des dieux par le fait même de combattre dans un maelström essoufflant une destinée qui nous a été transmise, pour que nous la menions du mieux possible ? Ne sommes-nous pas, à l’image de Dieu, le « Sacakoua » du début de l’univers ? En quoi Dieu et ses créatures ont-ils changé ? Plusieurs mythes nous apprennent que des rebellions se sont produites avant que Dieu entreprenne sa tâche ; on pense aux faux prophètes qui, en leur temps, ont juré être les sauveurs de l’humanité avant que Jésus se sacrifie pour elle. Que de brumes idéalistes et fascinantes suggérées par Alain Gagnon ; tant de légendes préhistoriques sont ancrées dans nos consciences, imprégnant l’innommable en nous, défiant nos peurs, nos forces. Notre conscience propre au règne hominal, celle qui nous est étrangère, peut-elle être gouvernée par des anges ou des démons, exilés que nous sommes dans un « univers auquel nous nous adaptons de par notre nature animale […] » ? Que penser des atrocités que l’homme a mis sur pied pour exterminer ses frères ? Où intervient le divin cosmique quand il s’agit d’exploiter la misère des innocents, ceux et celles qui ne savent se défendre contre des hommes de mauvaise volonté ? Peut-on demander aux démunis de vaincre la souffrance et la peur pour devenir Dieu ? L’Être divin serait-il sélectif ? Le péché originel nous aurait-il départagés ? Les martyrs s’abandonnant au dogme chrétien — et l’ignorant — lors de spectacles sanguinaires se présentaient-ils déjà comme des hommes nouveaux, une vision béatifique exaltant leur indéfectible croyance ? Le christianisme n’est-il pas né de ces affres, d’un enivrement céleste, répliqueront les irréductibles de la Foi.

 

Propos pour Jacob

 

Le livre, car c’en est un où l’amour du divin l’emporte sur la pauvreté morale, intellectuelle de l’homme, foisonne de références qui ont guidé Alain Gagnon vers des ancrages resplendissants. Nos interrogations tumultueuses sont prises en main par l’auteur, serein et grave. La Joie de croire en Dieu s’avère la force suprême de l’ouvrage, louant « l’homme intérieur » que nous devons chercher au détriment du « vieil homme ». On a aimé que Gagnon multiplie ses approches, citant Nicodème, Paul de Tarse, Maître Eckhart, Sri Aurobindo, l’empereur Marc-Aurèle, définissant ainsi nos diverses consciences à travers des paraboles de Jésus. Mais Dieu est-il accessible à tous, sa parole à Lui se répercutant « par images et impressions […] » indicibles. Il serait impossible de répertorier les axiomes philosophiques que propose l’auteur, l’œuvre se révélant riche, extrêmement réfléchie. Il suffit de s’acheminer intérieurement vers une éthique embellie d’une « vraie » liberté, ce que recommande l’auteur à son petit-fils. L’humain ne se révèle-t-il pas le véritable sujet et mystère de cet essai érudit, inclassable ?

Pour clore ces éloquents propos, 99 bouts de papier, sous forme d’aphorismes, vagabondent spontanément d’une pensée à une autre. Ils sont là, témoignant d’une angoissante lucidité, nous obligeant parfois à nous interroger sur la nécessité de vivre, de parcourir en trébuchant une courte distance heurtant nos certitudes, nos hésitations. Il n’empêche qu’en fermant ce livre, et malgré la beauté spirituelle du texte, la sincérité absolue de l’auteur, nous ne sommes sûrs de rien, surtout pas de l’existence d’une entité désincarnée, pétrissant, telle la glaise, la chair périssable de l’humain. Le génie de l’homme, selon Nietzsche, n’est-il pas d’être  » humain, trop humain « , donc imparfait. À défaut de croire en Dieu, croyons en la parole persuasive d’Alain Gagnon, lui aussi, trop humain !

Propos pour Jacob, Alain Gagnon, Les Éditions de la grenouille bleue, Montréal, 2010, 122 pages


Déesses et dieux, par Alain Gagnon… » »

18 mai 2014

Propos sur l’oubli de soi :

Un concitoyen était riche.  Il ne lui restait que deux ou trois semaines à vivre.  Un mois tout au plus.  Il s’est procuré une auto luxueuse.  Il se promenait d’une station service à l’autre, d’un centre commercial à l’autre, et à ceux qui admiraient sa dernière acquisition, il répétait : « Je l’ai payée cash ! »  Il s’agissait pourtant d’un bon citoyen, d’un homme honnête et intelligent.  Il s’était simplement oublié.  Certains diraient qu’il avait la capacité d’amasser des sous mais pas celle de la réflexion sur soi.  Possible.  Je l’ignore.  Mais l’aurait-il possédée, cette faculté, que rien dans son milieu n’aurait pu l’aider à la développer.  Le christianisme et ses explications sur les réalités spirituelles de la personne humaine a bien laissé des traces ici et là.  On retrouve parfois ces références enfouies… lorsque l’on ne sait plus quoi faire avec la vie.  Ou pour marquer certains événements de solennité : enterrements et mariages.

*

Ce matin, au centre commercial, j’ai rencontré des déesses et des dieux.  Ce qu’ils y faisaient ?  Ils se croyaient vieillis. Devant des cafés tièdes, certains noircissaient des mots-mystères, d’autres frottaient des gratteux.  Et, de temps à autre, ils se rendaient à un kiosque transparent où une préposée bien humaine acceptait leurs dollars et leur remettait des lotto-max, des minis, des quotidiennes, des tangos, des 6-49, des québec-49, des triplex, des jours-de-paye, des astros, des bancos…  Et tous ces dieux étaient bien tristes.  Une coiffeuse m’a confié : « Il y a du suicide dans l’air. Les froids de janvier… »

Quelle magicienne a obscurci leur mémoire au point qu’ils en oublient leur nature : qui ils sont, d’où ils viennent, où ils vont ?

À bientôt !


Rétrospective **: Spiritualité et méthodes quantitatives…

21 janvier 2014

Propos sur l’oubli de soi…

À la télévision, on se moque d’ex-vedettes du hockey qui ont fait une démarche spirituelle et en témoignent. L’esprit laïc se gausse.  Les animateurs les traitent avec un respect minimal…

Et pourtant.  L’anormal, le ridicule, le déplorable, c’est l’humain qui s’oublie, se renie, au point de n’entreprendre aucune démarche spirituelle.

*

Le sociologue et analyste me remet copie de son rapport sur les soins de santé.  Et il me dit avec un rictus de défi et d’inconfort :

— Méthodes quantitatives !  Moi, je ne jure que par le quantitatif, par l’ingénierie sociale.

— C’est une bonne aide à la décision, je précise.  Mais, au bout du compte, on se réfère toujours aux valeurs pour trancher.

— Même les valeurs se quantifient !

— Dans ce que nos choix vont coûter, leurs conséquences, l’évaluation des ressources mises en branle…

— Non, non !  Les valeurs mêmes !  Même le beau !  Je vais vous passer un article sur les mesures quantitatives appliquées au pseudo-beau idéal de Praxitèle, des grands peintres de la Renaissance…

— Si on y arrivait, le monde m’apparaîtrait bien ennuyeux, bien drabbe, dépourvu d’âme.

— L’âme ? C’est quoi ?  Rien.  On n’a jamais pesé une âme !

— Impondérable, c’est vrai.  Mais l’âme, c’est le plus important.  Sans âme, même le quantitatif, tout le réel disparaît.  L’âme , c’est la source de la réalité.

— Vous êtes un idéaliste en philosophie.  Vous croyez que notre conscience crée tout ce que nous percevons.

— A créé, a créé…  Notre âme est de la même nature que cette force qui a créé, et crée, soutient l’univers visible et invisible.  C’est par cela qu’elle vaut.

L’AUTEUR…

Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998).  Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013).  Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011).  En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010).  Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (Marcel Broquet).  On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL.  De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue.  Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)


L’oubli de soi… : le divin (suite) ; et Lecture : Les grands sages de l’Égypte ancienne…**

23 décembre 2013

Extrait d’un ouvrage à paraître : L’oubli de soi :

Il m’arrive de m’oublier.  Souvent.  D’oublier qui je suis, ce que je suis, de me laisser submerger par les mouvements intérieurs, les appétences.  Les passions, les émotions vives – comme la colère ou la lubricité – sont faciles à déceler, à contrer même.  Le plus pernicieux, ce sont ces envahissements par les causes apparemment nobles, celles qui seraient dignes de louange, d’intérêt : l’altruisme de pacotille, les devoirs qu’on nous impose ou que l’on s’impose…  Quiconque s’y plonge sans s’être ressouvenu de ce qu’il est donnera bientôt au mieux dans la fatuité, au pire dans le despotisme ou le grand banditisme.

— Mais de quoi veux-tu donc que l’on se ressouvienne tant ? demande mon démon intérieur.

— De son caractère divin.  De la présence du divin en soi.  De son origine divine et de sa destination divine.  Hors cette prise de conscience, institutions, civilisations, législations, entreprises individuelles ou collectives, ne sont que fruits de la vanité, constructions sur le sable que le temps ne manquera pas d’éroder ou d’effacer hâtivement.

Notes de lecture :

Je me délecte de Les grands sages de l’Égypte ancienne de Christian Jacq. (Perrin, 2009.  Coll. Tempus, # 281)

Nous nous retrouvons au troisième millénaire avant J-C.  Pour l’histoire connue des hommes, c’est très loin.  Pour la géologie, même pas hier.

Je m’arrête au chapitre 4, celui consacré à la reine Méresânkh III, dont le nom signifie « la Vivante qui aime ». Atoum, le principe créateur, est à la fois masculin et féminin.  Le pharaon et sa reine rejouent sur terre les péripéties de ce mariage sacré, cette union des sexes avant le sexe,  qui a engendré l’univers visible et invisible, ses énergies et la conscience.  Méresânkh représente donc cette… « Matrice céleste, elle répand à travers l’univers de l’émeraude, de la malachite et de la turquoise afin d’en façonner des étoiles.  En devenant une Hathor (déesse), Méresânkh réactualise la création du monde. » (p. 41)  Spiritualités féminine et masculine vécues sous le soleil éclatant du plateau de Guizeh.

À rapprocher des noces de la Mère Esprit et du Christ Créateur dont parle La Cosmogonie d’Urantia. Réfléchir aussi au sens profond de cette Vierge qui donne naissance au Christ le 25 décembre prochain dans la tradition chrétienne.

Kephren et Méresânkh III


Rétrospective * : Propos sur l’oubli de soi… (suite) : Déesses et dieux…

29 août 2012

Extraits de Propos sur l’oubli de soi (billet publié en décembre 2009)

Un concitoyen était riche.  Il ne lui restait que deux ou trois semaines à vivre.  Un mois tout au plus.  Il s’est procuré une auto luxueuse.  Il se promenait d’une station service à l’autre, d’un centre commercial à l’autre, et à ceux qui admiraient sa dernière acquisition, il répétait : « Je l’ai payée cash ! »  Il s’agissait pourtant d’un bon citoyen, d’un homme honnête et intelligent.  Il s’était simplement oublié.  Certains diraient qu’il avait la capacité d’amasser des sous mais pas celle de la réflexion sur soi.  Possible.  Je l’ignore.  Mais l’aurait-il possédée, cette faculté, que rien dans son milieu n’aurait pu l’aider à la développer.  Le christianisme et ses explications sur les réalités spirituelles de la personne humaine a bien laissé des traces ici et là.  On retrouve parfois ces références enfouies… lorsque l’on ne sait plus quoi faire avec la vie.  Ou pour marquer certains événements de solennité : enterrements et mariages.

*

Ce matin, au centre commercial, j’ai rencontré des déesses et des dieux.  Ce qu’ils y faisaient ?  Ils se croyaient vieillis. Devant des cafés tièdes, certains noircissaient des mots-mystères, d’autres frottaient des gratteux.  Et, de temps à autre, ils se rendaient à un kiosque transparent où une préposée bien humaine acceptait leurs dollars et leur remettait des lotto-max, des minis, des quotidiennes, des tangos, des 6-49, des québec-49, des triplex, des jours-de-paye, des astros, des bancos…  Et tous ces dieux étaient bien tristes.  Une coiffeuse m’a confié : « Il y a du suicide dans l’air. Les froids de janvier… »

Quelle magicienne a obscurci leur mémoire au point qu’ils en oublient leur nature : qui ils sont, d’où ils viennent, où ils vont ?

À bientôt !


Rétrospective : En librairie… Propos pour Jacob, essai, Alain Gagnon

20 juillet 2011

Propos pour Jacob, essai (billet publié en février 2010)

LE LIVRE :

Alain Gagnon est un écrivain prolifique et un grand lecteur. Il a fréquenté assidûment romanciers, poètes, essayistes, mystiques et philosophes en provenance de toutes les civilisations.

Dans ces Propos, il s’adresse à son petit-fils Jacob. Il veut partager avec lui toutes ces richesses culturelles qu’il a accumulées. Il l’entretient sur les grandes interrogations humaines : la vie, la mort, le temps, l’origine de l’espèce humaine, son histoire mythique et sa destinée ; il élabore aussi sur la nature de Dieu et, surtout, sur la nature et le rôle des dieux. Tour à tour, il s’appuie, notamment, sur maître Eckhart, Hegel, Heidegger, Teilhard de Chardin, Aurobindo et l’empereur philosophe Marc-Aurèle à qui il voue un véritable culte.

Un extrait du prologue explicite l’intention de l’auteur : « À ma mort, je ne te laisserai rien ou si peu. Je serai pauvre. Par paresse, manque de discipline, insouciance et aptitude aux plaisirs, mes comptes en banque seront vides ou presque. Cet ouvrage te tiendra lieu de legs. Ne sois pas trop déçu. Je t’ai aimé comme personne, et j’espère me faire pardonner en t’offrant ce qui m’est le plus cher : sur quelques pages, ces intuitions puisées dans l’héritage commun et en moi-même, parfois. Si tu en tires quelque profit, je serai moins mort, et tu seras peut-être un peu plus vivant.

« Les chapitres qui suivent sont brefs. Je m’efforce aux phrases simples, qui ont des pieds et des mains, c’est-à-dire, je l’espère, utiles. »

Commentaires :

Dans cet ouvrage, l’auteur explique des réalités complexes qu’il rend accessibles à tous. Un véritable pédagogue nous prend par la main et nous fait pénétrer les arcanes de l’histoire connue et moins connue de l’humanité. De grands penseurs, comme Aurobindo, Teilhard de Chardin, Marc-Aurèle et autres… nous y sont présentés avec une simplicité complice.

L’AUTEUR :

Auteur prolifique, d’une forte originalité thématique et formelle, Alain Gagnon, ce marginal de nos lettres, a publié, au printemps 2009, son trente-quatrième ouvrage de fiction. À deux reprises, il a remporté le Prix fiction-roman du Salon du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean, soit en 1996 et en 1998 pour ses ouvrages Sud et Thomas K. Il a également remporté le Prix poésie du même Salon, en 2004, pour son recueil de poèmes Ces oiseaux de mémoire, en 2006, pour L’espace de la musique et, en 2009, pour Les versets du pluriel. En 1985, il avait déjà obtenu le Prix de la BCP pour Le gardien des glaces. Il a été le président fondateur de l’Association professionnelle des écrivains de la Sagamie (APES) et responsable du projet des collectifs Un Lac, un Fjord, 1, 2 et 3. Il déteste la rectitude politique et croit que la seule littérature valable est celle qui bouscule, dérange, modifie les paysages intérieurs – à la fois du créateur et des lecteurs.  Entre  novembre 2008 et décembre 2009, il a joué le rôle de directeur littéraire  et d’éditeur associé aux Éditions de la grenouille bleue, une nouvelle maison liée aux Éditions du CRAM, qui se consacre à la littérature québécoise.


Maintenant en librairie… Propos pour Jacob, essai, Alain Gagnon

22 février 2010

Propos pour Jacob, essai

LE LIVRE :

Alain Gagnon est un écrivain prolifique et un grand lecteur. Il a fréquenté assidûment romanciers, poètes, essayistes, mystiques et philosophes en provenance de toutes les civilisations.

Dans ces Propos, il s’adresse à son petit-fils Jacob. Il veut partager avec lui toutes ces richesses culturelles qu’il a accumulées. Il l’entretient sur les grandes interrogations humaines : la vie, la mort, le temps, l’origine de l’espèce humaine, son histoire mythique et sa destinée ; il élabore aussi sur la nature de Dieu et, surtout, sur la nature et le rôle des dieux. Tour à tour, il s’appuie, notamment, sur maître Eckhart, Hegel, Heidegger, Teilhard de Chardin, Aurobindo et l’empereur philosophe Marc-Aurèle à qui il voue un véritable culte.

Un extrait du prologue explicite l’intention de l’auteur : « À ma mort, je ne te laisserai rien ou si peu. Je serai pauvre. Par paresse, manque de discipline, insouciance et aptitude aux plaisirs, mes comptes en banque seront vides ou presque. Cet ouvrage te tiendra lieu de legs. Ne sois pas trop déçu. Je t’ai aimé comme personne, et j’espère me faire pardonner en t’offrant ce qui m’est le plus cher : sur quelques pages, ces intuitions puisées dans l’héritage commun et en moi-même, parfois. Si tu en tires quelque profit, je serai moins mort, et tu seras peut-être un peu plus vivant.

« Les chapitres qui suivent sont brefs. Je m’efforce aux phrases simples, qui ont des pieds et des mains, c’est-à-dire, je l’espère, utiles. »

Commentaires :

Dans cet ouvrage, l’auteur explique des réalités complexes qu’il rend accessibles à tous. Un véritable pédagogue nous prend par la main et nous fait pénétrer les arcanes de l’histoire connue et moins connue de l’humanité. De grands penseurs, comme Aurobindo, Teilhard de Chardin, Marc-Aurèle et autres… nous y sont présentés avec une simplicité complice.

L’AUTEUR :

Auteur prolifique, d’une forte originalité thématique et formelle, Alain Gagnon, ce marginal de nos lettres, a publié, au printemps 2009, son trente-quatrième ouvrage de fiction. À deux reprises, il a remporté le Prix fiction-roman du Salon du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean, soit en 1996 et en 1998 pour ses ouvrages Sud et Thomas K. Il a également remporté le Prix poésie du même Salon, en 2004, pour son recueil de poèmes Ces oiseaux de mémoire, en 2006, pour L’espace de la musique et, en 2009, pour Les versets du pluriel. En 1985, il avait déjà obtenu le Prix de la BCP pour Le gardien des glaces. Il a été le président fondateur de l’Association professionnelle des écrivains de la Sagamie (APES) et responsable du projet des collectifs Un Lac, un Fjord, 1, 2 et 3. Il déteste la rectitude politique et croit que la seule littérature valable est celle qui bouscule, dérange, modifie les paysages intérieurs – à la fois du créateur et des lecteurs.  Entre  novembre 2008 et décembre 2009, il a joué le rôle de directeur littéraire  et d’éditeur associé aux Éditions de la grenouille bleue, une nouvelle maison liée aux Éditions du CRAM, qui se consacre à la littérature québécoise.


Spiritualité et méthodes quantitatives : Propos sur l'oubli de soi…(suite)

22 décembre 2009

Propos sur l’oubli de soi… (à paraître)

À la télévision, on se moque d’ex-vedettes du hockey qui ont fait une démarche spirituelle et en témoignent. L’esprit laïc se gausse.  Les animateurs les traitent avec un respect minimal…

Et pourtant.  L’anormal, le ridicule, le déplorable, c’est l’humain qui s’oublie, se renie, au point de n’entreprendre aucune démarche spirituelle.

*

Le sociologue et analyste me remet copie de son rapport sur les soins de santé.  Et il me dit avec un rictus de défi et d’inconfort :

— Méthodes quantitatives !  Moi, je ne jure que par le quantitatif, par l’ingénierie sociale.

— C’est une bonne aide à la décision, je précise.  Mais, au bout du compte, on se réfère toujours aux valeurs pour trancher.

— Même les valeurs se quantifient !

— Dans ce que nos choix vont coûter, leurs conséquences, l’évaluation des ressources mises en branle…

— Non, non !  Les valeurs mêmes !  Même le beau !  Je vais vous passer un article sur les mesures quantitatives appliquées au pseudo-beau idéal de Praxitèle, des grands peintres de la Renaissance…

— Si on y arrivait, le monde m’apparaîtrait bien ennuyeux, bien drabbe, dépourvu d’âme.

— L’âme ? C’est quoi ?  Rien.  On n’a jamais pesé une âme !

— Impondérable, c’est vrai.  Mais l’âme, c’est le plus important.  Sans âme, même le quantitatif, tout le réel disparaît.  L’âme , c’est la source de la réalité.

— Vous êtes un idéaliste en philosophie.  Vous croyez que notre conscience crée tout ce que nous percevons.

— A créé, a créé…  Notre âme est de la même nature que cette force qui a créé, et crée, soutient l’univers visible et invisible.  C’est par cela qu’elle vaut.