Esthétique, forme et géographie humaine… par Alain Gagnon

20 mai 2017

Abécédaire sur Alice et quelques autres objets du devenir…

Esthétique — Je me suis promené dans des lieux de nulle part, et j’en suis revenu par le souvenir antérieur.  Se souvenir au-delà du souvenir, et en ramener des chat qui louche maykan alain gagnon francophoniematériaux utiles à l’édification de l’homme-dieu et de la femme-dieu.

Forme — La forme posée comme exigence première, quoique non suffisante, à l’artiste.  Par ses contraintes mêmes, la forme favorise le déploiement, l’épanouissement de l’expression.  Sans balises, tout discours demeure matière inerte, non dynamisée, sans potentiel de durée.

Géographie — La géographie humaine : cette insertion du sens dans l’espace.   Les valeurs s’inscrivent plus vigoureusement que les collines et les ruisseaux dans le paysage.  Elles parlent plus fort.  Un exemple : ce rang québécois qui aligne des lots longs et étriqués, les uns à côté des autres.  Souci de protection mutuelle, de solidarité que reflète l’organisation territoriale des seigneuries du Régime français.  On craignait l’Iroquois, l’incendie, la maladie…  Nécessité de proximité pour l’entraide.

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http://maykan.wordpress.com/


Kabbale, nature et esthétique, par Alain Gagnon…

27 mars 2017

Dires et rediresalain gagnon, Chat Qui Louche, francophonie, littérature, maykan, québec

Le sujet en nous, toujours relié à l’Être par ce fil d’or qui, selon la Kabbale, unit encore l’humain à Dieu au cœur de la boue, du chaos, des pires turpitudes. Ce sujet, donc, contient le moi. Moi qui souffre de son ignorance et de son éloignement. Poésies et musiques seront donc souvent mélancoliques et sombres, avec, çà et là les embellies des rapprochements.

(Le chien de Dieu, Éd. du CRAM)

*

Il est aussi dans la nature de l’humain de triturer la matière jusqu’à ce qu’elle crache quelques-unes de ses lois physico-chimiques que ce bimane rendra opératoires. L’humain est à la fois l’inquisiteur et le transmutateur du réel. Il n’est ni anaturel ni antinaturel ; il est surnaturel. Par sa technique, il engendre une surnature. Il se recrée et, ce faisant, il devient créateur d’une réalité aussi tangible que ce qui était déjà, mais étrangère à ce qui était déjà. L’urbanité, (comme courant littéraire, anthropologique, esthétique) est la résultante de la technique, de cette surnature en émergence.

(Propos pour Jacob, Éd. de la Grenouille Bleue)

*

Esthétique et supramental — [Sur un troisième plan, à l’intérieur de la personnalité, on trouve] le supramental alain gagnon, Chat Qui Louche, francophonie, littérature, maykan, québec(mental intuitif) qui régit l’intuition supérieure et dont les manifestations éthiques, religieuses, esthétiques sont plus subtiles — il n’appartiendrait qu’au règne hominal, et selon Sri Aurobindo, la mission de l’humanité consisterait à faire descendre la réalité supramentale au niveau de la matière et du mental ordinaire, et d’ainsi régénérer le monde[1]. En soi, on le voit à l’œuvre par l’émotion et la satisfaction qu’éveillent en nous la beauté, la bonté et la vérité. Certains transposeront ces ressentis éthiques et esthétiques dans la beauté que l’on crée : musique, peinture, architecture, poésie…   Le supramental ouvre sur l’infini et permet à l’humain d’appréhender sa surnature, ce qu’il peut devenir, et ce que l’humanité sera demain. Il est au-delà des mots, des définitions, ce qui rend difficile tout exposé à son sujet. Il s’éprouve, ne se prouve pas. Il s’expérimente à travers les intuitions déformées qu’il offre au mental ordinaire.

(Propos pour Jacob, Éd. de la Grenouille Bleue)


[1] Si on souhaite approfondir, lire de Aurobindo La Vie divine, (4 volumes), Albin Michel.

L’auteur…

Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre du Saguenay–alain gagnon, Chat Qui Louche, francophonie, littérature, maykan, québecLac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998). Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013). Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011). En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010). Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (Marcel Broquet). On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL. De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue. Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)


Lieux de beauté… Diane Bussières…

29 décembre 2016

Danse

Diane Bussières partage sa passion et son talent…

Nous avons eu l’occasion de parler de Diane Bussières en septembre dernier à l’occasion d’une manifestation artistique visant à amasser des fonds pour la recherche sur le cancer du sein.  C’est comme artiste que nous vous la présentons aujourd’hui.

Photographe, designer graphiste, artiste peintre, Diane Bussières baigne dans le monde des arts depuis son enfance. Artiste dans l’âme, elle a plusieurs expositions à son actif en plus d’avoir enseigné les arts plastiques aux enfants, une belle façon de transmettre sa passion.  Laissons-lui la parole :

« Quittant temporairement la photographie, la peinture me transforme depuis janvier dernier. Elle me fait entrer dans un monde absorbant, inattendu, libérateur et surprenant. Bref, cette activité me fait atteindre des états d’ébahissement. Le temps s’arrête, j’oublie de manger, les couleurs me comblent. Un univers qui me ramène à ma capacité de représenter et d’exprimer avec un pinceau.« Quitter un univers douillet et confortable (photographie) pour reprendre exactement où j’ai laissé  il y a plusieurs années déjà… sans plus d’habileté, sans moins de technique mais avec une expérience de vie plus riche  et de  nombreuses  visites  d’expositions. Une nouvelle réalité qui me répète sans cesse de suivre mon chemin, qu’il sera long devant.

« Je souhaite diversifier, explorer de nouveaux territoires, passer par une gamme de styles et me réaliser. »

Quelques tableaux où l’artiste démontre sa maîtrise des couleurs et surfaces.  Un style qui interroge et enrichit notre réalité.  Tout l’art de Diane Bussières tient à cette simplicité apparente, qui révèle la complexité de l’existant lorsque l’œil habile du peintre regarde. (Pour voir d’autres œuvres : http://www.facebook.com/profile.php?id=1161544098)

Cécile et René

 

Évangéline

 

Elle



Balbutiements chroniques, par Sophie Torris…

27 mars 2016

Table des matières

Cher Chat,

Nous sommes dimanche et l’agneau pascal mijote dans le four. Laissez-moi vous convier à ma table, mon Minet, et vous persuader de la suprématie de mon gigot suralain gagnon, Chat Qui Louche, maykan, francophonie, littérature votre jambon. Assiégeons-nous entre mets et mots et engageons, je vous en prie, une table ronde autour de cette polémique gastronomique qui veut qu’en attendant le lapin, vous mangiez du cochon, alors que nous attendons les cloches de Rome en dégustant de l’agneau.  Comme tout bon français qui se respecte, j’ai ma théorie sur la chose. Comme sur toute autre chose d’ailleurs.

Si l’agneau sacrifié dans mon assiette symbolise le Christ ressuscité et, au-delà, la représentation symbolique du sacrifice d’Abraham, vous conviendrez que la tranche de jambon aux ananas n’a pas la même envergure spirituelle. Évidemment, vous avez des circonstances atténuantes. L’agneau, en Nouvelle-France, était établi comme la viande des anglophones et on peut poser l’hypothèse que c’est dans une logique d’opposition que vous jetâtes votre dévolu sur le porc français. Mais franchement, le Chat, vous ne trouvez pas que le choix est malheureux ? J’ai ce midi dans mon assiette celui qui a brouté l’herbe tendre des prés, tandis que vous avez celui qui a pataugé dans la fange. Décidément, mon cher, nous n’avons pas les mêmes valeurs.

Voici le genre de provocations gratuites un peu cavalières qui pourraient, selon moi, non seulement pimenter un brunch de Pâques, mais surtout l’étirer en un long siège. M’en garderiez-vous rancune, le Chat, quand viendrait le temps de rentrer chez vous quelques heures plus tard ?

Je suis nostalgique des engueulades de table à la française qui font s’éterniser les repas en cafés et pousse-cafés, de ses joutes oratoires parfois cruelles qui pourtant ne prêtent jamais à conséquence, de ces coups de gueule et de poing qui font tinter le cristal d’Arques et qui teintent les bons gueuletons d’une esthétique particulière. Je vous parle d’art, le Chat. Il s’agit bien d’un art de l’altercation à table, avec ses procédés pour exciter les défenses passives, ses bottes secrètes entre le pot au feu et le trou normand, son jeu de fausses esquives entre le camembert et la poire au vin. Je suis nostalgique des tablées de mon enfance où la rhétorique était au service de la table et où la table était au service de la rhétorique. Le saucisson devenait alors politique, la purée littéraire et le digestif libertin. Voilà le régime contre le poids de l’existence auquel j’aspire encore.

alain gagnon, Chat Qui Louche, maykan, francophonie, littératureJe revois mes deux grands-pères, de part et d’autre de la table, quitter petit à petit leurs  retraites et s’envoyer, tour à tour, leurs petits boulets de canon, en opinions de plus en plus tranchées, tandis que se multipliaient les toasts. C’était de Gaulle contre Pétain, Peugeot contre Citroën…  Mes aïeuls avaient la contrescarpe solide, et je regardais pleuvoir leurs hallebardes avec ravissement dans les dernières volutes des gauloises et des cigares, sachant qu’à l’armistice du repas tous se quitteraient la fleur au fusil.

Le monde peut-il se refaire seul, debout à grignoter devant son frigo ? On ne sait plus aujourd’hui quand commence et finit un repas. Et pourtant, le Chat, j’en suis persuadée, c’est autour de la table, quand le corps est repu et s’attarde en gourmandises que les esprits s’échauffent le mieux. Vous ne me ferez pas croire que vos révolutions étaient si tranquilles autour des tourtières d’antan. Alors, est-ce parce qu’on n’a plus rien à se dire qu’on ne reste plus à table ou est-ce parce qu’on ne reste plus à table qu’on finit par ne plus rien se dire ?

 Et si la faute incombait tout simplement au contenu de l’assiette. La mode est au fastfood qui s’ingurgite au lance-pierre et qui reste sur l’estomac, comme un non dit ; au p’tit plat congelé à la chaine qu’on sort du micro-ondes comme une réflexion toute faite. Je pense, le Chat, et pardonnez-moi d’avoir encore une théorie sur la chose, qu’une bonne table des matières est certainement plus à même de dresser le couvert de la communication. L’esthétique de la table influencerait donc largement l’esthétique du discours.

Alors oui, le gigot d’agneau est mon blason. Et je sais qu’en ce jour de Pâques, si proche des élections présidentielles, les Français ne passeront pas outre ce droit de alain gagnon, Chat Qui Louche, maykan, francophonie, littératurecuissage, savoureux prétexte aux plus belles guerres intestines. Cependant, je trouve tout à fait légitime que vous défendiez votre jambon, même s’il manque un peu de noblesse. Je vous invite donc au restaurant, le Chat. Nous choisirons la table d’hôte gastronomique que nous accompagnerons d’un vin de caractère, ainsi nous passerons du jambon, du gigot, du toc à l’âme.

Sophie

Notice biographique

alain gagnon, Chat Qui Louche, maykan, francophonie, littératureSophie Torris est d’origine française, Québécoise d’adoption depuis 15 ans. Elle vit à Chicoutimi où elle enseigne le théâtre dans les écoles primaires et l’enseignement des Arts à l’université. Elle écrit essentiellement du théâtre scolaire. Parallèlement à ses recherches doctorales sur l’écriture épistolaire, elle entretient avec l’auteur Jean-François Caron une correspondance sur le blogue In absentia à l’adresse : http://lescorrespondants.wordpress.com/.


Style et contraintes, par Alain Gagnon…

6 novembre 2015

Dires et redires :

Pour se transformer en énergie, le vent doit rencontrer un obstacle : ailes d’un moulin, voiles d’un chat qui louche, maykan, alain gagnon, francophonie, littérature, Québecvoilier…  La contrainte est la condition non suffisante, mais nécessaire à la création d’énergie.  De même pour l’inspiration.  Pour que l’inspiration accouche d’un texte valable, elle doit se heurter, puis se plier à une esthétique.  Sinon, nous obtenons soit des romans de gare, soit des best-sellers aux intrigues habiles, mais sans style, sans signature véritable.  Ou encore de ces premières œuvres généreuses, mais débridées, car l’écrivain ou l’écrivaine ne possédait pas encore l’armature stylistique nécessaire pour plier et faire donner l’inspiration.

Parfois, je m’ennuie de ces Français qui, vers la fin de leur vie, n’étaient plus que maîtrise — Marcel Arland, entre autres.  Ils n’avaient plus grand-chose à dire, mais ils le disaient si bien.

À quel moment l’esthétique se sclérose-t-elle ?  Ne devient plus support à l’expression, mais la réprime ?  Aussi difficile à démarquer que ce moment où le buveur passe du statut de buveur social à celui d’alcoolique.

(Le chien de Dieu, Éd. du CRAM)

*

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Hegel

Dieu que Hegel et Heidegger m’ont donné de la difficulté jadis !  Je peinais sur les textes, me déchirais l’entendement contre leurs fumeuses élaborations, sachant qu’il y avait là des appréhensions primordiales sur le réel, sur l’Être et sur le devenir.  J’en sortais découragé de moi-même.  Jusqu’au jour…  Jusqu’au jour où je me suis mis à les lire comme je lis les poètes.  Tout devint alors clair et fécond.

Les philosophes germaniques, il faut apprendre à les lire ; on doit éviter de les lire comme de tarabiscotés échafaudeurs de systèmes -ce qu’ils sont malhabilement.  Lisons-les plutôt comme des poètes et partageons leurs intuitions fulgurantes.  Ou mieux, lisons-les comme on écouterait un musicien.  Ils sèment des accroissements de conscience, engendrent des sagesses soudaines dont on se serait cru bien incapable.

(Le chien de Dieu, Éd. du CRAM)

L’AUTEUR…

Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livrechat qui louche, maykan, alain gagnon, francophonie, littérature, Québec du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998).  Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013).  Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011).  En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010).  Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (Marcel Broquet).  On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL.  De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue.  Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).


Lieux de beauté… Diane Bussières…, par Alain Gagnon

6 août 2015
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Danse

Diane Bussières partage sa passion et son talent…

Nous avons eu l’occasion de parler de Diane Bussières en septembre dernier à l’occasion d’une manifestation artistique chat qui louche, maykan, alain gagnon, francophonie, littérature, Québecvisant à amasser des fonds pour la recherche sur le cancer du sein.  C’est comme artiste que nous vous la présentons aujourd’hui.

Photographe, designer graphiste, artiste peintre, Diane Bussières baigne dans le monde des arts depuis son enfance. Artiste dans l’âme, elle a plusieurs expositions à son actif en plus d’avoir enseigné les arts plastiques aux enfants, une belle façon de transmettre sa passion.  Laissons-lui la parole :

« Quittant temporairement la photographie, la peinture me transforme depuis janvier dernier. Elle me fait entrer dans un monde absorbant, inattendu, libérateur et surprenant. Bref, cette activité me fait atteindre des états d’ébahissement. Le temps s’arrête, j’oublie de manger, les couleurs me comblent. Un univers qui me ramène à ma capacité de représenter et d’exprimer avec un pinceau.« Quitter un univers douillet et confortable (photographie) pour reprendre exactement où j’ai laissé  il y a plusieurs années déjà… sans plus d’habileté, sans moins de technique mais avec une expérience de vie plus riche  et de  nombreuses  visites  d’expositions. Une nouvelle réalité qui me répète sans cesse de suivre mon chemin, qu’il sera long devant.

« Je souhaite diversifier, explorer de nouveaux territoires, passer par une gamme de styles et me réaliser. »

Quelques tableaux où l’artiste démontre sa maîtrise des couleurs et surfaces.  Un style qui interroge et enrichit notre réalité.  Tout l’art de Diane Bussières tient à cette simplicité apparente, qui révèle la complexité de l’existant lorsque l’œil habile du peintre regarde. (Pour voir d’autres œuvres : http://www.facebook.com/profile.php?id=1161544098)

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Cécile et René

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Évangéline

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Elle



Art fractal et Botticelli… Abécédaire…(6)

17 février 2015

Abécédaire sur Alice et quelques autres objets du devenir…

Art fractal — Résultats parfois magnifiques de hasards paramétrés.  Mais l’humain a construit l’ordinateur et l’a programmé.

Et aussi agréables à regarder que puissent être certaines œuvres, ces fruits du hasard organisé ne sauraient donner naissance à une séquence chat qui louche maykan alain gagnon francophoniesignificative d’éléments dont la somme exprimerait davantage que les parties, ni provoquer une réflexion sur le tragique de l’existence, la condition humaine, les soifs inextinguibles de la créature…  Jamais un ordinateur, même programmé par l’humain, ne connaîtra les crises de l’artiste, ni leurs conséquences sur la plastique de son œuvre.  Songeons à Botticelli et à l’effet dévastateur qu’eurent sur son esthétique les prêches de Savonarole.

Jusqu’à nouvel ordre, l’homme est le seul animal à souffrir pour créer du beau et du sens ; à rechercher désespérément un sens face à un monde qui, au premier abord, en semble dépourvu.

chat qui louche maykan alain gagnon francophonieArts plastiques — La réalité fascine par le rapport entre la perception dans l’espace d’un objet et l’impossibilité, pour l’humain, d’en appréhender les multiples dimensions : son temps, les affects qui s’y rattachent, les concepts qu’il convoque, sa symbolique, les souvenirs involontaires qu’il suscite, ses utilités polymorphes…  Un pot de fleurs ou un corps, ou un bout de rue, sont beaucoup plus que l’on ne pourra jamais en écrire ou en peindre.  Leur inintelligibilité demeure fondamentale ; leur étrangeté radicale constitue une des meilleures raisons d’être de l’art.

Pour se défendre devant l’inconnaissable et en arriver à utiliser le monde, la science mesure la trace des phénomènes, accumule les faits, les quantifie, les catégorise, probabilise leurs apparitions.  L’artiste examine les phénomènes avec amour et intuition, les assemble en faisceaux, puis cherche à en tirer des significations, à y lire des sens.  Les deux démarches entraînent des satisfactions partielles et un irrémédiable sentiment d’échec.


Esthétique et poésie : Abécédaire…(49)

23 décembre 2014

Abécédaire sur Alice et quelques autres objets du devenir…

Poésie — Difficulté majeure : conserver le poème vivant.  Le poème vit d’idées, d’intuitions, d’émotions, d’images… C’est vrai.  Mais d’abord de musique qui constitue l’armature de son esthétique.

chat qui louche maykan alain gagnon francophonieL’esthétique, cette grande rassembleuse.  Elle est pour le poème force de vie et de survie.  Elle joue, à travers strophes et vers, le même rôle que ces formes archétypales de la pensée néoplatonicienne  – ces spirales invisibles, à fleur de matière, rassemblent, dynamisent, modélisent et agglutinent quarks, atomes, molécules, éléments, pour donner naissance au rocher, à l’arbre, à l’homme et à la femme ; à l’oiseau qui traverse le ciel dans l’assurance de son être sans cesse manifesté et soutenu, dans sa manifestation renouvelée, par la danse folle des particules lumineuses et froides qui le composent.

L’équilibre tripartite – signification/intuition/esthétique – façonne le poème qui porte et qui dure.  Les écoles exclusivement plasticiennes, ou exclusivement idéalistes, ou exclusivement chosistes, ou exclusivement ceci ou cela, peuvent toujours aller se rhabiller.  Ou demeurer pour encombrer les manuels et donner l’occasion aux professeurs patentés de faire de l’esbroufe dans les périodiques spécialisés.

Souvent on entend ces voix timorées : « Mais qui va décider de ce qui est beau, de ce qui est laid ?  Qui va fixer les critères ?  » Demandons à celui qui possède l’oreille absolue en musique : il distingue sans hésitation la fausse note de la vraie.  Et puis comptons sur le temps, ce grand balayeur de modes et d’esthétiques frelatées.

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Lieux de beauté… Diane Bussières…

29 novembre 2014
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Danse

Diane Bussières partage sa passion et son talent…

Nous avons eu l’occasion de parler de Diane Bussières en septembre dernier à l’occasion d’une manifestation artistique chat qui louche maykan alain gagnon francophonievisant à amasser des fonds pour la recherche sur le cancer du sein.  C’est comme artiste que nous vous la présentons aujourd’hui.

Photographe, designer graphiste, artiste peintre, Diane Bussières baigne dans le monde des arts depuis son enfance. Artiste dans l’âme, elle a plusieurs expositions à son actif en plus d’avoir enseigné les arts plastiques aux enfants, une belle façon de transmettre sa passion.  Laissons-lui la parole :

« Quittant temporairement la photographie, la peinture me transforme depuis janvier dernier. Elle me fait entrer dans un monde absorbant, inattendu, libérateur et surprenant. Bref, cette activité me fait atteindre des états d’ébahissement. Le temps s’arrête, j’oublie de manger, les couleurs me comblent. Un univers qui me ramène à ma capacité de représenter et d’exprimer avec un pinceau.« Quitter un univers douillet et confortable (photographie) pour reprendre exactement où j’ai laissé  il y a plusieurs années déjà… sans plus d’habileté, sans moins de technique mais avec une expérience de vie plus riche  et de  nombreuses  visites  d’expositions. Une nouvelle réalité qui me répète sans cesse de suivre mon chemin, qu’il sera long devant.

« Je souhaite diversifier, explorer de nouveaux territoires, passer par une gamme de styles et me réaliser. »

Quelques tableaux où l’artiste démontre sa maîtrise des couleurs et surfaces.  Un style qui interroge et enrichit notre réalité.  Tout l’art de Diane Bussières tient à cette simplicité apparente, qui révèle la complexité de l’existant lorsque l’œil habile du peintre regarde. (Pour voir d’autres œuvres : http://www.facebook.com/profile.php?id=1161544098)

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Cécile et René

 

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Évangéline

 

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Elle



Dires et écritures, par Alain Gagnon…

9 octobre 2014

 De l’écriture et de Dieu…

 (Brèves proses tirées de L’espace de la musique, Éd. Triptyque)

 

Chat Qui Louche maykan alain gagnonLes néons et les soleils morts des bûches rougiront le tracé du stylo dans la chair ivoire du papier – et les grains du texte chauds avalent l’encre et colorent tout souvenir de sépia.

*

 

Ils sont tous là, ceux qui s’appellent les autres et dont les yeux boivent votre vie pendant que, penché, vous vous écrivez et souhaitez battre de textes la mort.

*

 

Dieu était partout – où il est demeuré d’ailleurs : dans l’espace de la musique, celle que toute oreille a entendue – avant d’avoir un nom à soi, avant qu’on nomme même la musique, dans la plus pure réminiscence.

 Ces airs que les enfants reprennent dans la tiédeur des parcs au soir. S’y glissent entre les notes la souplesse et la vivacité des fées que la lumière des couchants éveille, et l’haleine chaude des forges retenues de juillet.

 Dieu, c’est le vent, dans l’espace de la musique ; celle qui chante et sait relier en sa caresse uniforme.

*

 

La seule façon de donner cohérence, un semblant de limpidité à ses rencontres avec le texte, c’est la reconnaissance de Dieu, de la transcendance en soi, au plus intime. Pas l’un de ces démons criminels, demi-fous et foudres de guerre, qui hantent plusieurs textes sacrés, mais le Dieu du silence, celui de la fidélité quiète à sa créature. Celui qui rehausse, synthétise, résume, accorde sens à l’esthétique — et à son éthique.

L’auteur…

Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon chat qui louche maykan alain gagnondu Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998).  Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013).  Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011).  En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010).  Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (Marcel Broquet).  On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL.  De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue.  Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)


Peur et vanité : Abécédaire…(44)

18 septembre 2014

 Abécédaire sur Alice et quelques autres objets du devenir…

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Peur et vanité —  Supprimons la vanité et la peur, et les maux de ce monde, et les maux de chacun s’évanouiront comme de mauvais rêves – ainsi que beaucoup de mots…  Ils s’évanouiront comme cette fumée que le vent d’ouest souffle et disperse au-dessus de ces feuilles mortes, dans le couchant.

Poésie — L’ultime poésie : entrer dans le tableau que l’on admire.  Pour étreindre les personnages ou se promener dans ces paysages convenus, plus ou moins bleutés par ce sfumato qu’avant l’art contemporain, on plaçait à l’arrière-plan, derrière les mages, les Vierges et les déesses.  Un chemin poudreux, l’orée d’un bois, un château aux murailles et tourelles crénelées en haut d’un pic…  Y jouir de la fraîcheur de fontaines inconnues, se perdre dans les sous-bois ombreux, s’y mêler à des personnages hâves ou rubiconds ; se retrouver et retrouver toutes autres formes de la Vie, de celles que le peintre, sciemment ou non, a voulu occulter.  Pénétrer l’œuvre, plutôt que de laisser l’œuvre nous pénétrer.  L’inverse de ce que Woody Allen a fait dans La Rose pourpre du Caire.

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Art fractal et Botticelli… Abécédaire…(6)

5 septembre 2014
 

Abécédaire sur Alice et quelques autres objets du devenir…

Art fractal — Résultats parfois magnifiques de hasards paramétrés.  Mais l’humain a construit l’ordinateur et l’a programmé.

Et aussi agréables à regarder que puissent être certaines œuvres, ces fruits du hasard organisé ne sauraient donner naissance à une séquence significative d’éléments dont la somme exprimerait davantage que les parties, ni provoquer une réflexion sur le tragique de l’existence, la condition humaine, les soifs inextinguibles de la créature…  Jamais un ordinateur, même programmé par l’humain, ne connaîtra les crises de l’artiste, ni leurs conséquences sur la plastique de son œuvre.  Songeons à Botticelli et à l’effet dévastateur qu’eurent sur son esthétique les prêches de Savonarole.

Jusqu’à nouvel ordre, l’homme est le seul animal à souffrir pour créer du beau et du sens ; à rechercher désespérément un sens face à un monde qui, au premier abord, en semble dépourvu.

 

Arts plastiques — La réalité fascine par le rapport entre la perception dans l’espace d’un objet et l’impossibilité, pour l’humain, d’en appréhender les multiples dimensions : son temps, les affects qui s’y rattachent, les concepts qu’il convoque, sa symbolique, les souvenirs involontaires qu’il suscite, ses utilités polymorphes…  Un pot de fleurs ou un corps, ou un bout de rue, sont beaucoup plus que l’on ne pourra jamais en écrire ou en peindre.  Leur inintelligibilité demeure fondamentale ; leur étrangeté radicale constitue une des meilleures raisons d’être de l’art.

Pour se défendre devant l’inconnaissable et en arriver à utiliser le monde, la science mesure la trace des phénomènes, accumule les faits, les quantifie, les catégorise, probabilise leurs apparitions.  L’artiste examine les phénomènes avec amour et intuition, les assemble en faisceaux, puis cherche à en tirer des significations, à y lire des sens.  Les deux démarches entraînent des satisfactions partielles et un irrémédiable sentiment d’échec.


Esthétique et poésie, par Alain Gagnon…

1 juillet 2014

Abécédaire sur Alice et quelques autres objets du devenir…

Poésie — Difficulté majeure : conserver le poème vivant.  Le poème vit d’idées, d’intuitions, d’émotions, d’images… C’est vrai.  Mais d’abord de musique qui constitue l’armature de son esthétique.

L’esthétique, cette grande rassembleuse.  Elle est pour le poème force de vie et de survie.  Elle joue, à travers strophes et vers, le même rôle que ces formes archétypales de la pensée néoplatonicienne  – ces spirales invisibles, à fleur de matière, rassemblent, dynamisent, modélisent et agglutinent quarks, atomes, molécules, éléments, pour donner naissance au rocher, à l’arbre, à l’homme et à la femme ; à l’oiseau qui traverse le ciel dans l’assurance de son être sans cesse manifesté et soutenu, dans sa manifestation renouvelée, par la danse folle des particules lumineuses et froides qui le composent.

L’équilibre tripartite – signification/intuition/esthétique – façonne le poème qui porte et qui dure.  Les écoles exclusivement plasticiennes, ou exclusivement idéalistes, ou exclusivement chosistes, ou exclusivement ceci ou cela, peuvent toujours aller se rhabiller.  Ou demeurer pour encombrer les manuels et donner l’occasion aux professeurs patentés de faire de l’esbroufe dans les périodiques spécialisés.

Souvent on entend ces voix timorées : « Mais qui va décider de ce qui est beau, de ce qui est laid ?  Qui va fixer les critères ?  » Demandons à celui qui possède l’oreille absolue en musique : il distingue sans hésitation la fausse note de la vraie.  Et puis comptons sur le temps, ce grand balayeur de modes et d’esthétiques frelatées.

http://maykan.wordpress.com/


Peur et vanité, par Alain Gagnon…

23 juin 2014

 Abécédaire sur Alice et quelques autres objets du devenir…

Peur et vanité —  Supprimons la vanité et la peur, et les maux de ce monde, et les maux de chacun s’évanouiront comme de mauvais rêves – ainsi que beaucoup de mots…  Ils s’évanouiront comme cette fumée que le vent d’ouest souffle et disperse au-dessus de ces feuilles mortes, dans le couchant.

Poésie — L’ultime poésie : entrer dans le tableau que l’on admire.  Pour étreindre les personnages ou se promener dans ces paysages convenus, plus ou moins bleutés par ce sfumato qu’avant l’art contemporain, on plaçait à l’arrière-plan, derrière les mages, les Vierges et les déesses.  Un chemin poudreux, l’orée d’un bois, un château aux murailles et tourelles crénelées en haut d’un pic…  Y jouir de la fraîcheur de fontaines inconnues, se perdre dans les sous-bois ombreux, s’y mêler à des personnages hâves ou rubiconds ; se retrouver et retrouver toutes autres formes de la Vie, de celles que le peintre, sciemment ou non, a voulu occulter.  Pénétrer l’œuvre, plutôt que de laisser l’œuvre nous pénétrer.  L’inverse de ce que Woody Allen a fait dans La Rose pourpre du Caire.

L’auteur…

Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998).  Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013).  Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011).  En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010).  Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (Marcel Broquet).  On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL.  De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue.  Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).


Rétrospective* : Peur et vanité : Abécédaire…(44)

1 avril 2013

 

Abécédaire sur Alice et quelques autres objets du devenir… (billet publié en juin 2010)

Vanité, Philippe de Champagne

Vanité, Philippe de Champagne


Peur et vanité —  Supprimons la vanité et la peur, et les maux de ce monde, et les maux de chacun s’évanouiront comme de mauvais rêves – ainsi que beaucoup de mots…  Ils s’évanouiront comme cette fumée que le vent d’ouest souffle et disperse au-dessus de ces feuilles mortes, dans le couchant.

Poésie — L’ultime poésie : entrer dans le tableau que l’on admire.  Pour étreindre les personnages ou se promener dans ces paysages convenus, plus ou moins bleutés par ce sfumato qu’avant l’art contemporain, on plaçait à l’arrière-plan, derrière les mages, les Vierges et les déesses.  Un chemin poudreux, l’orée d’un bois, un château aux murailles et tourelles crénelées en haut d’un pic…  Y jouir de la fraîcheur de fontaines inconnues, se perdre dans les sous-bois ombreux, s’y mêler à des personnages hâves ou rubiconds ; se retrouver et retrouver toutes autres formes de la Vie, de celles que le peintre, sciemment ou non, a voulu occulter.  Pénétrer l’œuvre, plutôt que de laisser l’œuvre nous pénétrer.  L’inverse de ce que Woody Allen a fait dans La Rose pourpre du Caire.

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Dires et redires, par Alain Gagnon…

7 mars 2013

Kabbale, supramental et esthétique…

Neobiotype, Antoine Levi Cicero

Neobiotype, Antoine Levi Cicero

Le sujet en nous, toujours relié à l’Être par ce fil d’or qui, selon la Kabbale, unit encore l’humain à Dieu au cœur de la boue, du chaos, des pires turpitudes.  Ce sujet, donc, contient le moi.  Moi qui souffre de son ignorance et de son éloignement.  Poésies et musiques seront donc souvent mélancoliques et sombres, avec, çà et là, les embellies des rapprochements.

(Le chien de Dieu, Éd. du CRAM)

*

Il est aussi dans la nature de l’humain de triturer la matière jusqu’à ce qu’elle crache quelques-unes de ses lois physico-chimiques que ce bimane rendra opératoires.  L’humain est à la fois l’inquisiteur et le transmutateur du réel.  Il n’est ni anaturel ni antinaturel ; il est surnaturel.  Par sa technique, il engendre une surnature.  Il se recrée et, ce faisant, il devient créateur d’une réalité aussi tangible que ce qui était déjà, mais étrangère à ce qui était déjà.  L’urbanité (comme courant littéraire, anthropologique, esthétique) est la résultante de la technique, de cette surnature en émergence.

(Propos pour Jacob, Éd. Triptyque)

*

Esthétique et supramental. — [Sur un troisième plan, à l’intérieur de la personnalité, on trouve] le supramental (mental intuitif) qui régit l’intuition supérieure et dont les manifestations éthiques, religieuses, esthétiques sont plus subtiles — il n’appartiendrait qu’au règne hominal, et selon Sri Aurobindo, la mission de l’humanité consisterait à faire descendre la réalité supramentale au niveau de la matière et du mental ordinaire, et d’ainsi régénérer le monde[1].  En soi, on le voit à l’œuvre par l’émotion et la satisfaction qu’éveillent en nous la beauté, la bonté et la vérité.  Certains transposeront ces ressentis éthiques et esthétiques dans la beauté que l’on crée : musique, peinture, architecture, poésie…   Le supramental ouvre sur l’infini et permet à l’humain d’appréhender sa surnature, ce qu’il peut devenir, et ce que l’humanité sera demain.  Il est au-delà des mots, des définitions, ce qui rend difficile tout exposé à son sujet.  Il s’éprouve, ne se prouve pas.  Il s’expérimente à travers les intuitions déformées qu’il offre au mental ordinaire.

(Propos pour Jacob, Éd. Triptyque)


[1] Si on souhaite approfondir, lire d’Aurobindo La Vie divine, (4 volumes), Albin Michel.


Rétrospective* : Esthétique, forme et géographie humaine : Abécédaire…(18)

2 mars 2013

Abécédaire sur Alice et quelques autres objets du devenir… (billet paru en avril 2010)

Esthétique — Je me suis promené dans des lieux de nulle part, et j’en suis revenu par le souvenir antérieur.  Se souvenir au-delà du souvenir, et en ramener des matériaux utiles à l’édification de l’homme-dieu et de la femme-dieu.

Forme — La forme posée comme exigence première, quoique non suffisante, à l’artiste.  Par ses contraintes mêmes, la forme favorise le déploiement, l’épanouissement de l’expression.  Sans balises, tout discours demeure matière inerte, non dynamisée, sans potentiel de durée.

Géographie — La géographie humaine : cette insertion du sens dans l’espace.   Les valeurs s’inscrivent plus vigoureusement que les collines et les ruisseaux dans le paysage.  Elles parlent plus fort.  Un exemple : ce rang québécois qui aligne des lots longs et étriqués, les uns à côté des autres.  Souci de protection mutuelle, de solidarité que reflète l’organisation territoriale des seigneuries du Régime français.  On craignait l’Iroquois, l’incendie, la maladie…  Nécessité de proximité pour l’entraide.

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Rétrospective : Esthétique et poésie : Abécédaire…(49)

22 décembre 2011

Extraits d’un ouvrage à paraître : Abécédaire sur Alice et quelques autres objets du devenir… (billet publié en juillet 2010)

Poésie — Difficulté majeure : conserver le poème vivant.  Le poème vit d’idées, d’intuitions, d’émotions, d’images… C’est vrai.  Mais d’abord de musique qui constitue l’armature de son esthétique.

L’esthétique, cette grande rassembleuse.  Elle est pour le poème force de vie et de survie.  Elle joue, à travers strophes et vers, le même rôle que ces formes archétypales de la pensée néoplatonicienne  – ces spirales invisibles, à fleur de matière, rassemblent, dynamisent, modélisent et agglutinent quarks, atomes, molécules, éléments, pour donner naissance au rocher, à l’arbre, à l’homme et à la femme ; à l’oiseau qui traverse le ciel dans l’assurance de son être sans cesse manifesté et soutenu, dans sa manifestation renouvelée, par la danse folle des particules lumineuses et froides qui le composent.

L’équilibre tripartite – signification/intuition/esthétique – façonne le poème qui porte et qui dure.  Les écoles exclusivement plasticiennes, ou exclusivement idéalistes, ou exclusivement chosistes, ou exclusivement ceci ou cela, peuvent toujours aller se rhabiller.  Ou demeurer pour encombrer les manuels et donner l’occasion aux professeurs patentés de faire de l’esbroufe dans les périodiques spécialisés.

Souvent on entend ces voix timorées : « Mais qui va décider de ce qui est beau, de ce qui est laid ?  Qui va fixer les critères ?  » Demandons à celui qui possède l’oreille absolue en musique : il distingue sans hésitation la fausse note de la vraie.  Et puis comptons sur le temps, ce grand balayeur de modes et d’esthétiques frelatées.

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