Chants d'août d'Alain Gagnon : une critique dans Québec français…

Chants d’août : une critique dans Québec français…

PROSES BRÈVES : ALAIN GAGNON, Chants d’août, Triptyque, Montréal, 2011, 82 pages.

Alain Gagnon est un auteur chevronné originaire de Saint-Félicien. Son œuvre abondante lui a valu de nombreuses récompenses et il est considéré comme un écrivain important de la Sagamie-Côte-Nord. L’automne dernier, il signait Chants d’août, un recueil de proses brèves qui reconduit un projet d’écriture plus vaste comprenant Ces oiseaux de mémoire, L’espace de la musique et Les versets du pluriel.

« Ce monde existe pour que les enfants le trouvent beau. Sans leurs regards, le monde existerait mal, et Dieu devrait tout recommencer ». Mais c’est également le regard émerveillé du poète qui transfigure le monde.  La prose incandescente et raffinée de Gagnon nous dessille les yeux sur la magnificence du spectacle de la vie.  « Ce soir, une pluie tiède mène la joie, modère la marche qui relie les réverbères entre les samares de frêne. Nos pieds les foulent sans hâte. » Des mots qui illustrent un désir d’accueillir le meilleur de l’instant.

Ce recueil éclectique reste essentiellement du côté de la nature. Sans tristesse, plutôt imprégnée d’une langueur tranquille, la première partie éponyme réunit sept fragments qui s’insinuent au cœur de l’été qui s’achève.  «  En août se déploient les jaunes de la joie pleine. […]  Ce mois pose en soi les regrets, comme on pose à la chasse les appeaux. » Puis viennent trois poèmes découpés en versets : ceux des animaux à la cave et au jardin, de la mort banale et triomphante, et de la joie que tempère la pluie. Ils seront suivis d’un récit aérien, Le dire de Trixie, qui raconte l’histoire d’une fillette envoûtée par le spectre qui hante l’île dans laquelle elle a vu le jour. Gagnon se livre ensuite à quelques réflexions sur l’acte d’écrire avant de nous proposer, pour clore son recueil, une adaptation d’un poème de Samuel T. Coleridge : « Le chant du marin sans âge ».

« Il est dans la nature du poème de nager en marge du texte. Il vaut par son appartenance à la marge. Ne lui conviennent ni la grève ni l’abîme. » Gagnon, qui fait son miel de ses pérégrinations non conformistes, assume avec bonheur la liberté de plume qu’il s’octroie.

GINETTE BERNATCHEZ, dans Québec français, printemps 2012.

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