Jakob, fils de Jakob d'Alain Gagnon — billet critique

Publié dans le Voir du 11 novembre 2004

Un fait pas si divers, par Éléonore Côté

Alain Gagnon nous entraîne sur les pas de Jakob, un jeune juif confronté aux horreurs de la Shoah.

Pour son dernier-né, Jakob, fils de Jakob, Alain Gagnon s’est inspiré d’un fait divers lu dans un journal un samedi matin. En gros: un homme s’est immolé sur la tombe de sa femme, qu’il avait aidée à mourir quelque temps plus tôt. Lui était juif, elle, allemande. « L’homme m’a donné sa mort. Il a fallu que j’invente sa vie. J’avais la fin, il a fallu que je remplisse les vides pour arriver à cette fin-là », raconte Alain Gagnon.

L’écrivain prétend n’avoir rien inventé, il n’a fait qu’écouter l’histoire qui tournait dans sa tête, et l’écrire. « J’avais une idée, je me suis assis et je me suis laissé emporter. L’histoire m’est racontée par je ne sais qui. Il faut accepter que le texte soit plus fort que soi. Quand on réfléchit trop, on bousille tout », continue celui qui a plus d’une quinzaine de romans à son actif, en plus d’innombrables nouvelles et poèmes. Dans celui-ci, on suit Jakob. Enfant au début du récit, il connaît la guerre, puis survit aux camps de concentration, d’où ne sortiront pas les autres membres de sa famille. Il traverse l’horreur comme il peut et se retrouve au Québec. À travers l’histoire, on peut lire une critique féroce des Allemands, mais aussi des Alliés, qui ont fait « pas mal de saloperies dans les prisons qu’ils géraient », remarque Alain Gagnon.

Si le sujet est sombre, le récit ne l’est pas, le héros non plus. On reconnaît là toute l’habileté de l’auteur à raconter des histoires.

Jakob, fils de Jakob, Éd. Triptyque, 2004, 166 p.

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