Indiana Jones et l’aventure archéologique : l’exposition…
Tomber dans le panneau…
La première étape – suivant l’achat du billet (non remboursable) qui a coûté 23 $ (plus taxes) – consiste à se faire remettre un appareil semblable à un iPod, enveloppé d’un étui protecteur en simili de cuir brun, et accompagné d’écouteurs. On nous explique qu’on aura besoin de cet audioguide tout au long de l’exposition, ce qui, en partant, a allumé un signal d’alarme dans ma tête.
En compagnie de ma copine, ainsi que de sa sœur, de son copain et de leur enfant de deux ans et demi, nous étions venus dans l’espoir d’y trouver une activité ludique et familiale. Rien ne pouvait nous préparer à la déception que nous allions vivre dans les minutes qui suivraient.
À chaque étape de l’exposition, les articles présentés – objets, dessins, vidéos, etc. – sont tous accompagnés d’un numéro, que nous entrons sur le cadran de l’appareil que nous avons chacun en main. Une description de l’objet nous est alors donnée, soit écrite, audio ou vidéo.
Le premier arrêt de l’exposition est un message de celui qui a incarné si glorieusement au cinéma le personnage central de l’exposition. Debout devant le costume original de l’acteur, on écoute son message pendant presque 2 minutes. Chaque visiteur dans sa propre bulle, écoutant le même message. Pour entendre la réelle voix de l’acteur dans nos écouteurs, il faut bien sûr indiquer sur notre appareil portatif que nous voulons la version anglaise. Sinon, on a droit à la voix d’un interprète quelconque.
Plusieurs écrans vidéo sont parsemés un peu partout sur le parcours de l’exposition, présentant des extraits de films ayant un rapport avec les objets qui entourent lesdits écrans. Si l’on tape sur notre appareil portatif le numéro correspondant à l’écran vidéo, nous avons le son qui accompagne l’extrait (en français ou en anglais, au choix).
Plusieurs visiteurs choisissent de regarder les extraits vidéo – ce qui est un peu ridicule si on connaît bien les films – et s’agglutinent donc tous devant les écrans, bloquant le passage – et la vue – aux autres visiteurs désirant passer outre les extraits vidéo et profiter du reste de l’exposition.
Chacun étant dans son petit monde, écoutant les descriptions d’objets à son propre rythme, les yeux souvent rivés sur son écran portatif, le phénomène qui se produit alors est que personne ne se parle. Parents et enfants sont coupés les uns des autres, les amis ne visitent pas à la même cadence, et se perdent de vue, et tout le monde est isolé. Les parents qui sont venus avec de jeunes enfants sont obligés de désennuyer ceux-ci, et ont peu l’occasion, donc, de s’attarder aux descriptions (ou à quoi que ce soit qui les entoure, pour tout dire). Bien peu de choses, en vérité, sont conçues pour intéresser les enfants dans cette exposition.
Les deux tiers de l’exposition sont composés d’éléments ayant servi au tournage des quatre célèbres films, mais même cela devient banal à la longue. L’Arche de l’Alliance, par exemple, ne semble être qu’un objet de pacotille, relativement petit, beaucoup moins impressionnant que ce que l’on voyait dans le film original. Les costumes portés par les acteurs sont intéressants à voir, ainsi que certains artefacts qui ont été créés pour les besoins des films (le Saint-Graal, entre autres). Ceci dit, les informations que l’on donne à leur sujet sont soit tirées de scènes des films (qui expliquaient très bien leurs origines), ou encore d’extraits de « making-of ». Et l’on nous donne quelques infos de base sur les objets réels qui ont inspiré les trésors aperçus dans les films, mais rien que l’on ne pourrait trouver dans une encyclopédie par soi-même, et qui mérite réellement le prix d’entrée de l’exposition.
L’autre tiers du parcours se trouve dans de petites salles, où l’on nous fait part de réelles découvertes par de vrais explorateurs, tel Leonard Woolley qui, dans les années 20, a passionné le monde avec ses fouilles archéologiques dans la cité d’Ur en Mésopotamie. Même Agatha Christie fut inspirée par ses travaux. Une autre petite salle nous parle des géoglyphes de Nazca, et une autre traite des fouilles qui ont mené à la découverte de la ville sacrée de Machu Picchu. Malheureusement, tout ceci est traité en surface, avec un support visuel extrêmement pauvre, et une documentation négligeable.
À la toute fin de l’exposition, on a droit à quelques objets trouvés ici au Québec, mais rien qui soit vraiment d’intérêt. À ce point, notre attention est plutôt fixée sur la sortie.
En résumé, à moins d’être seul, et d’avoir environ trois heures devant soit, il est peu probable que vous ayez du plaisir à aller visiter cette exposition. Même en étant des amateurs finis des films (j’en suis un, j’ai même aimé le quatrième…), on ressort de cette exposition avec un tel sentiment d’avoir été volé que le mauvais souvenir de cet avant-midi risque de teinter mon appréciation de cette franchise dans le futur.
Lorsqu’en sortant j’ai vu, dans la file d’attente, un papa qui venait voir l’exposition avec son fils, tous deux fébriles et déguisés en Indiana Jones, j’ai dû me retenir de ne pas leur dire de retourner chez eux et de regarder les films en famille. Ça leur aurait évité de se faire attraper aussi bêtement par une compagnie comme Lucasfilm ( et surtout son créateur ) qui prend son public – et ce, depuis plusieurs années – pour une vache à lait…
…et chaque fois on tombe dans le panneau !
Notice biographique
Jean-François Tremblay est un passionné de musique et de cinéma. Dès un très jeune âge, il a fait ses études collégiales en Lettres, pour se diriger par la suite vers les Arts à l’université, premièrement en théâtre (en tant que comédien), et plus tard en cinéma. Au cours de son Bac. en cinéma, Il découvre la photographie de plateau et le montage, deux occupations qui le passionnent. Blogueur à ses heures, il devient en 2010 critique pour Sorstu.ca, un jeune et dynamique site web consacré à l’actualité musicale montréalaise. Jean-François habite la métropole depuis 2007. Il tient une chronique bimensuelle au Chat Qui Louche.